Fukushima: la hausse de l’électricité a causé plus de morts que l'accident nucléaire
L’accident de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi à conduit le Japon à très rapidement arrêter la totalité de son parc nucléaire, ce qui a entraîné une hausse du prix de l'électricité dans le pays. Conséquence : des milliers de Japonais précaires sont morts de froid.
L’accident de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi à conduit le Japon à très rapidement arrêter la totalité de son parc nucléaire (47 GW en 2011, à comparer à 58 GW en France) pour y faire un large audit de la sûreté qui conduira à la fermeture de plusieurs réacteurs et de lourds travaux sur les autres, et mener une réforme de son organisation de la sûreté nucléaire. Ainsi, d’une production de 292 milliards de kilowattheures d’électricité nucléaire en 2010, le Japon est tombé à 163 milliards de kWh en 2011 et 0 en 2014.
Cette production électrique qui n’était plus assurée par le nucléaire a été compensée par des efforts d’économie d’énergie et surtout par un fort transfert de la production vers les énergies fossiles : gaz, charbon et, temporairement, fioul.
Outre les impacts environnementaux et sanitaires de ces sources d’énergie, ce transfert a eu pour effet de faire significativement monter les coûts de l’électricité pour les Japonais, ces sources d’énergie étant onéreuses (a fortiori pour un pays qui doit les importer essentiellement par voie maritime).
Cette hausse importante du prix de l’électricité à conduit certains foyers précaires à compenser par une baisse du chauffage. Et, hiver après hiver, ces familles se sont exposées malgré elles aux dangers pour la santé, notamment des plus fragiles, du froid.
Appliquer à ce scénario une relation déterminée par ailleurs entre accès au chauffage et morbidité et mortalité nous mène à cet impressionnante estimation de 4 800 victimes de la sortie brutale du nucléaire au Japon.
Un nombre sans commune mesure avec celui des victimes des retombées radioactives, que les estimations les plus pénalisantes chiffrent à une grosse centaine, et que les estimations qui ambitionnent d’être plus précises aboutissent à des nombres trop faibles pour sortir de leurs propres marges d’incertitude.
Et un nombre qui n’inclut pas les victimes de la pollution de ces centrales à fioul et charbon qui ont pris le relais du parc nucléaire.