La folle solution de la science pour sauver les koalas
En raison du réchauffement climatique, l'eucalyptus se fait de plus en plus rare en Australie. Or, cette plante constitue à la fois l'alimentation et l'habitat principal des koalas. Pour aider à leur préservation, des chercheurs ont eu une idée insolite et tristement représentative de notre monde actuel.
Sur terre, il ne resterait plus que 80.000 koalas dans la nature. Cet animal endémique en Australie compte parmi les espèces menacées pour une raison simple : son habitat se réduit à cause du réchauffement climatique. Afin d'aider les koalas dans la survie de leur espèce, une équipe de chercheurs de l'Université du Queensland a eu une idée complètement inattendue: pratiquer des greffes fécales sur ces marsupiau dans le but de modifier le microbiote intestinal des koalas pour leur permettre d'adopter une alimentation plus variée.
Koalas et eucalyptus:
Le koala raffole des eucalyptus, mais l’animal a – comme nous, les humains – ses préférences en matière d’alimentation. Il n’en mange que certaines variétés. Les koalas dorment également la plupart de la journée au beau milieu des eucalyptus, pendant leur digestion.
En somme, la disparition effrénée de l'eucalyptus en Australie est conséquente pour les koalas qui se refusent à chercher une autre nourriture.
Pour les pousser à diversifier leur alimentation, les chercheurs proposent donc une opération de plus en plus répandue chez l'Homme : la transplantation fécale. En implantant directement dans le colon des capsules de bactéries intestinales, cette méthode permet de "réinitialiser" la flore intestinale.
Ils ont capturé temporairement des koalas sauvages qui ne mangeaient que la variété eucalyptus viminalis, afin de modifier la flore microbienne présente dans leur intestin. Ainsi, pendant neuf jours, une douzaine de koalas ont reçu des capsules contenant des matières fécales provenant de certains de leurs congénères. « La moitié ont absorbé des capsules préparées à partir de matières fécales de koalas se nourrissant d’eucalyptus obliqua [une variété d’eucalyptus]. Les autres, de matières fécales provenant de koalas mangeurs d’eucalyptus viminalis », explique Michaela Blyton, coauteure de l’étude.
Grâce à cela, certains des individus traités ont vu leur microbiote modifié afin de ressembler à celui des koalas pouvant digérer l’autre espèce d’eucalyptus. Et leur alimentation s’est transformée: «La consommation nocturne et la proportion d’E. obliqua dans l’alimentation augmentent avec le temps chez les koalas dont le microbiote gastro-intestinal ressemble à celui des consommateurs d’E. obliqua, alors que ces deux paramètres restent stables chez les koalas dont le microbiote n’a pas changé», précise l’étude.